
Le projet consiste à creuser une retenu collinaire sur le site de Beauregard vers 1500 m d’altitude, bois de La Combière, de manière à soutenir le fonctionnement de la station de sport d’hiver de La Clusaz avec pour objectif officiel de d’assurer des ressources en eau potable. Les 2/3 de l’eau de ce lac artificiel servirait en définitive à alimenter les canons à neiges. Dans la démarche, le projet était initialement prévu à cette unique fin, mais le volet eau potable a été ajouté a posteriori afin de lui ajouter une teinte d’utilité publique. A noter par ailleurs que la commune a été soumise à d’importantes sécheresses ces dernières années comme en 2018.
Le site est en connexion avec l’importante Tourbière de Beauregard qui risque, privée d’eau, de s’assécher à terme ce qui conduirait à une perte importante en Biodiversité, il se trouve sur des habitats de qualité occupés par diverses espèces protégées dont la Chouette chevêchette, le Triton alpestre et l’Azuré des Paluds. Le territoire est inscrit à l’inventaire d’alerte ZNIEFF sur l’importance des espèces et des habitats qui y sont représentés. La retenue détruira près de 600 m2 de zones humides formées de bas-marais acides.

L’étude des ressources en eau disponible est insuffisante et les conséquences sur l’hydrologie locale désastreuse, avec des prélèvements prévus en période excédentaire privant le système global de sa recharge naturelle en eau.
Or, l’impact serait de stériliser et imperméabiliser une surface conséquente de sols dans un habitat de qualité, de mobiliser une part très importante de l’eau à des fins d’activités touristiques, d’assécher de petits cours d’eau du secteur, avec une perte de débit en aval des cours d’eaux connectés. Il n’y pas par ailleurs d’informations sur l’impact de la consommation d’énergie nécessaire pour alimenter la retenue et faire fonctionner les canons à neige associés. Malgré le nouveau volet en rapport avec l’eau potable, aucune canalisation dédiée n’est prévue dans le projet, la qualité des ressources en eau n’est pas garantie et n’est pas préparée.
Du point de vue sociétal, la populations qui s’est exprimées à l’enquête publique sont à 76% contre le projet et en réaction le conseil municipal valide toutefois le projet alors que la commission d’enquête rend paradoxalement un avis positif. La réalité économique n’apparaît pas comme un prétexte valable en regard de cette retenue, elles n’a pas d’impact sur les emplois. Le développement et l’augmentation des capacités des stations de ski n’est plus pertinent dans le contexte actuel de réchauffement climatique : les installations actuelles suffisent amplement. Les alpagistes n’y trouvent pas leur compte, car l’eau ne sera ni accessible aux troupeaux, ni utilisable pour les fromageries.
Du point de vue global, ce projet est en opposition avec les Plans montagnes où près de 600 millions d’euros sont investis pour maintenir la qualité de l’environnement montagnard dans le cadre d’un développement durable des activités moins énergivores, économiquement durable en diversifiant l’offre touristique entre l’été et l’hiver, amener les élèves au ski. Ce sont 120 stations et qui ont bénéficier des financements du Plan montagne I et 21.000 élèves qui ont découvert le ski. Comme le premier le Plan montagne II est surtout d’ordre écononique afin de soutenir l’activité en montagne, sous couvert d’actions pour l’environnement.
Des mesures compensatoires (fig. online) sont programmées par restauration de zones humides en périphérie du site de la retenue sur plus de 5000 m2 et par la mise en réserve d’espace forestiers en îlots de sénescence et en gestion forestière adaptée sur plusieurs hectares.
Ce projet est un symbole de l’artificialisation de la montagne pour des motifs principalement de développement économique dans un contexte défavorable aux activités de sport d’hiver en raison du réchauffement climatique et au gaspillage des ressources en eau dans celui du renforcement des périodes de sécheresse fragilisant la qualité des zones humides d’altitude comme les tourbières. Il s’agit d’un projet qui n’est pas en conformité avec les problématiques actuelles.
Fin octobre 2022, ce projet très controversé et qui avait fait d’un arrêté d’autorisation environnementale donnée en septembre par Yves Le Breton, Préfet de Haute-Savoie, a été suspendu par le Tribunal administratif de Grenoble précisant qu’il existe un doute sérieux sur l’existence d’une raison impérative d’intérêt public majeur permettant de déroger à l’interdiction de destruction des espèces animales protégées.
L’insatisfaction des parties conduit à un appel à la cours de cassation : la mairie de La Clusaz et le Ministère de la Transition Écologique et de la cohésion du territoire (source).
L’insatisfaction Préfet du Conseil Départemental de Haute-Savoie, Martial Saddier proclame au sujet de FNE Haute-Savoie : « On ne peut pas être partenaires le matin et en opposition permanente l’après-midi » et bloque toute les subventions publiques destinées à cette association de manière punitive. En effet, FNE Haute-Savoie intervient, entre-autre, par la bonne conservation de la Biodiversité du site de Beauregard en luttant contre le projet de retenue collinaire. Un appel à fond est actuellement fait par FNE Haute-Savoie pour assurer sa subsistance en raison de cette coupe financière : cliquez ici pour participer.
Sources et développements – Facebook (Sauvons Beauregard) – 15 raisons de s’opposer à la retenue de La Clusaz (Beauregard : Stop à la retenue) – Non à la retenue collinaire – Avis de FNE Haute-Savoie (PDF) – La préfecture dit oui au projet controversé de retenue d’altitude à La Clusaz (Montagnes) – La Clusaz : le projet de retenue d’eau suspendu – A La Clusaz, le projet de retenue d’eau pour assurer l’enneigement de la station suspendu par la justice (Le Monde) – La Clusaz : le tribunal de Grenoble suspend (provisoirement ?) l’autorisation des travaux de la retenue collinaiire (Outside) – Retenue collinaire de Beauregard à La Clusaz : la lutte recommence ! (Bulletin de la Transition écologique en Savoie)
Rapide diagnostic écologique
APPB FR3800214 du 29 décembre 1986 – Tourbière de Beauregard (La Clusaz) (11 ha) – [Arrêté PDF] La commune comprend deux APPB et ce sont les seuls espaces préservés. ZNIEFF 820031629 – Tourbière de la Colombière (La Clusaz) (9 ha) – alt. 1509-1523 m Préservation – Comprend : APPB, ZPS (Directive Oiseaux), Zone protégée (Loi Montagne), ZPS (Directive Habitats) (FR8201702) Arguments – Les arguments sont d’ordre écologique, faunistique, batrachologique, odonatologique, lépidoptérologique, entomologique et floristiques Habitats – Tourbières hautes (cor.51.1), Bas-marais, tourbières de transition (Cor.54), voir aussi [cliquer] Sélection FF – Flore : Carex lasiocarpa, Carex limosa, Carex pauciflora, Comarum palustre, Drosera rotundifolia, Sanguisorba officinalis, Utricularia minor – Orthoptères : Miramella alpina – Papillons : Erebia alberganus, Maculinea telejus – Odonates : Somatochlora alpestris, Somatochlora arctica – Amphibiens : Ichthyosaura alpestris – Reptiles : Zootoca vivipara – Oiseaux : Bonasa bonasia (1-10 cp), Glaucidium passerinum (2-6 cp), Tetrao tetrix (1-5 m) Connaissances – Bonne : Flore, Oiseaux – Moyenne : Amphibiens – Faible : Insectes, Reptiles – Nulle : autres groupes, Habitats. Commentaires – Cette tourbière, principalement acide, est installée sur un replat à flanc de montagne et parcourue par un ruisseau central ramifié. Elle est constituée de plages de sphaignes localement érigées en bombements à éricacées, de formations végétales dominées par le Scirpe cespiteux, de faciès asséchés de nardaie, accompagnés de dépressions plus humides sur Sphaignes vertes et de mares à petite Utriculaire. Elle abrite six espèces végétales protégées, inféodées aux différents milieux présents. Elle accueille en outre plusieurs espèces animales protégées ou remarquables, avec notamment un papillon dont la protection est considérée comme un enjeu européen en matière de conservation : l’Azuré de la sanguisorbe, également présent sur les autres zones humides proche. Somatochlora artica est connue de longue date sur la Tourbière puisqu’elle a été découverte en 1982 (P.Réal). Sa présence y est pérenne puisqu’elle a été revue en 1994 (B.Bal), accompagnée par Somatochlora alpestris en 1996 (B.Bal). Ceci reste un site assez peu visité et la dernière mention de Somatochlora arctica date de 2010 (J.Bordon) (source Base régionale O’donata : Groupe Sympetrum 2022). Sources – CBNA, LPO, GRPLS Inventaire ZH (Asters) (2010) – Document PDF Iconothèque – Hans Lucas Groupe Sympetrum 2022 – Base de données rhônalpine en ligne O’donata. – http://sympetrum.fr/?p=2393, première mise en ligne en 2019, consultée le 23/12/2022. |