Communiqué du 20 juin 2025 (depuis mes archives) – Cyrille Deliry
La Société française d’Odonatologue a approuvé lors de son Assemblée Générale du 28 mars 1992, le Code de déontologie de l’Odonatogue1. Dans son article 6.1 il est indiqué que « tout Odonatologue se doit de respecter et de diffuser largement ces recommandations ». J’avais moins de 10 années d’études des Odonates à mon compteur, lorsque ce Code a été diffusé… je l’ai enseigné et j’ai baigné dedans. Je partage…
Code de déontologie de l’Odonatologue (1992) : en bref… |
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Respecter les Odonates et leurs habitats, les propriétés et les lois en vigueur. |
Ne pas prélever les espèces protégées, ni manipuler les immatures, tout autre prélèvement doit être minime. |
Tout éventuel élevage doit être mené de manière raisonné. |
La photographie est à privilégier, sous réserve de ne perturber ni les animaux, ni les milieux. |
Les données doivent être archivées de manière pérenne et fidèle sans perte de qualité. |
La promotion des Odonates à des fins de connaissance et de préservation, ainsi que le partage avec la Communauté est encouragés. |
I. Généralités
Article 1.0 – Respect des Odonates et de leurs milieux
- Dans le cadre de ses activités odonatologiques, en France ou à l’étranger, tout membre de l’Association doit faire preuve d’un grand respect des Odonates, comme de leurs milieux de développement.
- Il doit en outre se conformer aux lois, aux décrets en vigueur, aux réglementations locales ainsi qu’à la notion de « propriété privée ».
Article 1.1 – Rigueur scientifique
- L’identification des espèces doit être réalisée avec une rigueur scientifique irréprochable à l’aide des ouvrages et articles de systématique nécessaires.
- Toute identification pour laquelle il subsiste un doute doit être nécessairement confirmée par la suite avant utilisation scientifique.
- Toute identification doit être réalisée avec la plus grande rigueur.
II. Prélèvement des imagos, des larves et des œufs
Article 2.0 – Espèces protégées
- Le prélèvement des imagos faisant l’objet de mesures de protection est interdit. Toutefois, pour les espèces difficilement reconnaissables à vue, il peut être toléré dans la mesure où le spécimen est relâché immédiatement et à l’endroit précis du prélèvement (sous réserve d’acceptation des autorités compétentes).
- Sont particulièrement concernées les espèces protégées par les arrêtés du 22 Juillet 1993 (JO du 23 et 24 septembre 1993), voir Martinia, 9 (4) de décembre 1993.
Article 2.1 – Individus immatures
- Les individus immatures (fraîchement éclos et les exemplaires non colorés) ne doivent en aucun cas être prélevés.
Article 2.2 – Espèces « non protégées »
- Le prélèvement des imagos, des larves et des œufs d’espèces ne faisant pas l’objet de mesure de protection, s’il est nécessaire (identification, études particulières, systématique, etc.), doit être limité au strict minimum et ne doit en aucune manière mettre en péril les populations présentes sur le site.
Article 2.3 – Autorisations de prélèvement
- Les demandes d’autorisation de prélèvement d’espèces protégées doivent être dûment justifiées (études scientifiques précises). Ces recherches ne doivent jamais mettre en péril les populations concernées.
Article 2.4 – Collection de référence
- La réalisation d’une petite collection de référence (un ou deux spécimens des espèces les plus courantes) est utile pour les naturalistes qui ne sont pas familiarisés avec ces insectes.
- Pour les spécialistes (amateurs ou professionnels), la collection doit être considérée comme un outil de travail nécessaire pour des études scientifiques de systématique, de morphologie, d’éthologie, d’écologie, de phylogénétique, etc.
- En aucun cas la collection ne doit être un prétexte pour effectuer des prélèvements abusifs ou rechercher les espèces rares. La notion de toute valeur marchande doit être absolument exclue.
Article 2.5 – Prélèvements pédagogiques
- Les prélèvements effectués dans un but pédagogique ou culturel doivent être réalisés de manière limitée et uniquement sur des espèces très communes (par exemple Ischnura elegans comme Zygoptère et Sympetrum sanguineum comme Anisoptère).
III. Élevage des larves
Article 3.0 – Généralités
- Le prélèvement des œufs ou des larves à des fins d’élevage réalisé dans un but scientifique ou pédagogique doit être effectué en tenant compte des recommandations indiquées dans les articles précédents.
- On ne devrait pas élever plus de larves que la quantité de nourriture disponible le permet. On ne doit pas récolter des larves plusieurs années de suite dans une même localité.
Article 3.1 – Utilisation pédagogique
- Les larves présentées en aquarium dans un but pédagogique ou culturel doivent être prélevées de manière limitée, sans mettre en péril les populations présentes dans le milieu d’origine.
IV. Élevage des larves
Article 4.0 – Généralités
- La macro-photographie des Odonates est une activité très utile car elle permet la réalisation d’une documentation iconographique remarquable, tant sur le plan morphologique (coloration des individus, etc.) que comportemental, et complète sur bien des points la collection de référence.
- Dans certains cas, la photographie permet également d’éviter le prélèvement des imagos; cependant il faut noter d’une part, que l’identification n’est pas toujours possible avec certitude à partir de ces documents, et d’autre part, qu’il est nécessaire, au préalable, de bien connaître ce groupe pour pratiquer cette activité dans de bonnes conditions.
- La pratique de la macro-photographie ne doit en aucun cas perturber les animaux (notamment les oiseaux) ou dégrader le milieu (piétinement).
V. Pérennité des informations
Article 5.0 – Généralités
- Les informations faunistiques devraient être publiées sous forme d’articles ou de notes dans les revues nationales ou dans les bulletins régionaux. La participation aux inventaires cartographiques nationaux ou régionaux est également une possibilité offerte aux Odonatologues soucieux d’assurer la pérennité de leurs observations.
Article 5.1 – Précision des localisations
- Chaque auteur doit avoir conscience de la finalité d’une publication scientifique. Il se doit d’apporter des informations inédites qui pourront être utilisées par d’autres chercheurs, d’où l’importance d’être précis dans la localisation des espèces observées. En règle générale, la précision des localités est souhaitable, si ce n’est obligatoire.
- En ce qui concerne les espèces rarissimes ou réellement menacées de disparition, il convient d’être plus réservé (mais sans tomber dans l’excès) si la survie des populations est en jeu (le cas de Coenagrion freyi Bilek, 1954 en Autriche est un bon exemple). En résumé, il revient à l’auteur de déterminer la portée de ces informations, d’être pondéré, cohérent, et d’éviter ainsi les excès de toutes sortes (données imprécises et inutilisables, possibilité de prélèvements incontrôlés et abusifs d’espèces très menacées ou rarissimes par des personnes peu scrupuleuses, …).
Article 5.2 – Collections particulières
- Les collections particulières réunissent généralement une somme considérable d’informations et témoignent du travail passionné de l’Odonatologue. Malheureusement, ces collections disparaissent souvent avec leurs auteurs. Dans de pareils cas, il est utile de les léguer à des organismes susceptibles d’assurer leur conservation et leur entretien (Muséum National d’Histoire Naturelle, Musées régionaux, Universités, Associations, etc.). Les informations ainsi conservées pourraient être alors analysées et servir de base ou de complément de travail aux chercheurs des générations futures.
VI. Actions individuelles et collectives
Article 6.0 – Actions possibles
- L’Odonatologue se doit de participer activement à la protection des zones humides, à toutes actions visant à favoriser la transformation ou l’aménagement (carrières), le rajeunissement (tourbières mortes, milieux fermés), la création de milieux aptes à favoriser le développement des Odonates, des autres animaux et des plantes.
Article 6.1 – Déontologie
- Tout Odonatologue se doit de respecter et de diffuser largement ces recommandations. A l’inverse, il devra éviter par ses actes, ses écrits ou par voie audiovisuelle, d’aller à l’encontre des principes énoncés ci-dessus.
- Le Code de déontologie était illustré de dessins de Thomas Williamson. ↩︎