Les premiers oiseaux apparaissent dès la fin du Jurassique, bien que leurs origines soient probablement plus anciennes et issues d’une lignée proche des dinosaures. Lors de la crise Crétacé-Tertiaire, il y a environ 65 millions d’années, la majorité des espèces primitives disparaît en même temps que les dinosaures.
Au début du Tertiaire, le climat est relativement homogène, mais à partir de 30 millions d’années, nos latitudes connaissent une différenciation progressive des saisons et des contrastes climatiques. Cette évolution favorise d’abord des espèces à répartition quasi cosmopolite, puis progressivement des lignées spécialisées, adaptées aux nouvelles conditions climatiques et à la diversification des habitats.
Originaires vraisemblablement d’Australie (Eocène), les passereaux sont absents au début du Tertiaire. Ils apparaissent seulement au Miocène, où ils deviennent rapidement le groupe le plus diversifié. Plusieurs familles aujourd’hui cantonnées aux régions tropicales ont d’ailleurs trouvé leur berceau évolutif sous nos climats tempérés, où elles ont depuis disparu.
Dès le Pliocène, l’essentiel des espèces (au moins sous une forme primitive) est déjà constitué. Leur évolution se poursuit au Quaternaire, période globalement froide sous nos latitudes, ponctuée de brèves phases tempérées. L’instabilité climatique marquée du Pléistocène, notamment les cycles glaciaires, a probablement joué un rôle déterminant dans la formation des caractéristiques actuelles de nombreuses espèces. La dernière glaciation du Würm, en particulier, a pu entraîner l’isolement d’oiseaux en populations occidentales et orientales, favorisant l’émergence de sous-espèces ou d’espèces proches.
Durant ces glaciations, le bassin ponto-méditerranéen a constitué un refuge majeur. Les zones méditerranéennes, réduites et relictuelles sur les côtes, étaient mieux représentées sur les îles, tandis que la majeure partie du bassin était couverte d’une végétation tempérée caducifoliée. Le nord du Sahara formait alors une vaste steppe. Dès le nord de l’Espagne et le centre de la France (suivant une ligne Biarritz–Genève), s’étendait une étroite taïga, vite relayée par la toundra. La Manche et la mer du Nord étaient asséchées (régression marine), et l’inlandsis s’étendait depuis le nord de l’Irlande, le centre de l’Angleterre et les Pays-Bas. Les périodes interglaciaires plus douces restaient courtes (10 000 à 20 000 ans). Nous vivons actuellement dans l’une de ces phases tempérées.
À chaque retrait de l’inlandsis, les espèces recolonisaient les territoires désertés lors de la glaciation précédente. Il est vraisemblable que l’homme, par la chasse, ait contribué à repousser vers le nord certaines espèces dites nordiques, comme les pingouins, au cours de l’Holocène (post-Würm). Certaines théories suggèrent d’ailleurs que plusieurs migrateurs au long cours (notamment des fauvettes, gobemouches et turdidés) seraient fondamentalement d’origine africaine.
Depuis le Néolithique, le développement des activités humaines (déforestation, agriculture, urbanisation) modifie profondément les habitats. Aujourd’hui encore, les changements d’origine anthropique — qu’ils soient environnementaux ou climatiques — influencent la répartition des espèces, leur adaptation à de nouveaux habitats (parfois artificiels), ainsi que leurs dynamiques biologiques. Ils entraînent aussi la disparition de certaines populations. À cela s’ajoutent les évolutions naturelles propres aux oiseaux, processus entamés depuis l’origine même de leur histoire évolutive.
Version révisée le 14 septembre 2025, selon des archives du 7 janvier 2004, inspirées de Blondel in Dubois & al. (2000) – CD