Biodiversité en Charente-Maritime – Odonates en Charente-Maritime
La réserve naturelle de Moëze-Oléron, créée en 1985, située en Charente-Maritime, est un site protégé important pour l’hivernage et la migration des oiseaux, avec une superficie de 6720 hectares. Elle comprend des espaces maritimes aux habitats variés selon leur qualité, sous l’influence des marées ainsi que localement des marais qui accueillent divers habitats pour la faune, notamment les Odonates avec une quarantaine d’espèces. La surface de ces derniers est d’environ 250 ha. Les populations d’Odonates y sont assez fluctuantes, avec par exemple un déclin spectaculaire en 2022, suivi néanmoins d’une reprise en 2024. Les changements climatiques tendent à rendre de plus en plus critiques de telles fluctuations. Alliés à la présence augmentée d’Écrevisses aquatiques (Procambarus clarkii), les milieux « doux » sont donc doublement altérés, car la flore est perturbées ce qui n’est pas sans conséquences sur les populations de l’emblématique Thalassalestes macrostigma (= Lestes macrostigma). Des études en cours visent à surveiller les populations d’odonates, et des mesures hydrauliques sont envisagées pour optimiser leurs conditions de vie.
Moëze, Saint-Froult (17)
Réserve Naturelle Nationale : pour partie en Réserves intégrales au niveau de l’estran (créée le 5 juillet 1985) : 6720 ha
Proche de Rochefort, cette Réserve naturelle est principalement située sur l’espace maritime entre l’île d’Oléron et le continent. Il s’agit d’un site d’importance internationale pour l’hivernage et la migration des Oiseaux. Sa situation en arrière de l’île et la proximité de l’estuaire de la Charente offre une vasière de près de 5000 ha tour à tour rendue directement accessibles à l’avifaune selon le cycle des marées.
Néanmoins près de 250 ha concernent des marais maritimes, le Marais de Brouage, rendent la zone protégée en Réserve Naturelle, pour partie favorables aux Odonates, à des Oiseaux spécifiques et aux Amphibiens1, notamment côté continent au sud de Saint-Froult. Ce sont 19 espèces de libellules selon les sondages menés à la fin des années 1990, dont Thalassalestes macrostigma (= Lestes macrostigma), Lestes dryas ou Lestes barbarus. La présence de Brachytron pratense ou Coenagrion scitulum mérite aussi dès soulignée. Olivier (2020) recense une trentaine d’espèces et il y en a 40 en définitive ([À préciser !]). Olivier (2020) rend compte des espèces les plus nombreuses constatées selon le protocole STELI (entamé en 2014 et actualisé tous les deux ou trois ans2) sur les sites d’échantillonnage de la Réserve, avec dans l’ordre : Lestes barbarus, Sympetrum sp., Ischnura elegans avec des effectifs proche du millier, Lestes dryas, Thalassalestes macrostigma (= Lestes macrostigma), Coenagrion scitulum et Sympetrum meridionale qui sont de l’ordre de quelques centaines. L’autrice souligne que Thalassalestes macrostigma (= Lestes macrostigma) présente des effectifs localement denses et ceux-ci présentent d’importantes fluctuations selon les années où ils passent le millier à quelques dizaine seulement. Delaporte & Gueguen (2017) parlent d’un retour de l’espèce. Toutefois les derniers résultats accessibles laissent penser qu’à l’instar de plusieurs autres sites de la façade Atlantique, les populations sont sur le déclin (com., 6 juin 2025). Les tendances à l’assèchement se traduise par un effondrement des populations d’Odonates en 2022 (Chaigne & al. 2022) alors que les effectifs ne sont correspondent plus qu’à 5% de ceux constatés entre 2014 et 2020, soit divisés par 20, mais la diversité odonatologique semble s’être reprise notamment en 2024, ce qui n’est pas étranger a priori à des aménagements hydrauliques particuliers en faveurs de l’adoucissement des eaux3 (com., 6 juin 2025).
Impact des Ecrevisses (Procambarus clarkii) sur les habitats à Thalassalestes macrostigma
Je considère que Thalassalestes macrostigma (= Lestes macrostigma) trouve de manière optimale, une certaine convergence écologique avec ceux fréquentés par deux plantes aux tendances halophiles : Schoenoplectus maritimus couplé à Ranunculus baudoti. Delaporte & Guéguen (2017) rendent compte de la situation suivante : « Les conséquences visibles des écrevisses sur la flore peuvent être considérables, les herbiers à Ranunculus baudoti pouvant disparaitre totalement face au «faucardage» systématique par les écrevisses. De plus, lors des phases progressives d’assecs estivaux, les individus creusent des terriers induisant une turbidité prononcée et réduisant de ce fait la photosynthèse des rares végétaux encore immergés ».
Références

- Chaigne A. & al. 2022 – Rapport d’activité 2022 – Réserve Naturelle Nationale de Moëze-Oléron et site Conservatoire de Plaisance. – Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, RNN de Moëze-Oléron, LPO, novembre 2022 : 78 pp. – PDF LINK
- Chaigne A. & al. 2023 – Rapport d’activité 2023 – Réserve Naturelle Nationale de Moëze-Oléron et site Conservatoire de Plaisance. – Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, RNN de Moëze-Oléron, LPO et col., novembre 2023 : 110 pp. – PDF LINK
- Chaigne A. & al. 2024 – Rapport d’activité 2024 – Réserve Naturelle Nationale de Moëze-Oléron et site Conservatoire de Plaisance. – Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, RNN de Moëze-Oléron, LPO et col., novembre 2024 : 124 pp. – PDF LINK
- Delaporte P. & Guéguen M. 2017 – Plan de gestion 2017-2026 de la Réserve Naturelle Nationale de Moëze-Oléron et du site de Plaisance. – LPO, Réserve Naturelle de Moëze-Oléron, Conservatoire du littoral & col. – PDF LINK
- Nicou M. 2014 – Mise en place d’un protocole de suivi des peuplements d’Odonates sur la RNN de Moëze-Oléron. – Rapport de Master1 : 21 pp.
- Delaporte P. & al. 2020 – Rapport d’activité 2020 – Réserve Naturelle Nationale de Moëze-Oléron et site Conservatoire de Plaisance. – Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, RNN de Moëze-Oléron, LPO, décembre 2020 : 86 pp. – PDF LINK
- Delaporte P. & al. 2021 – Rapport d’activité 2021 – Réserve Naturelle Nationale de Moëze-Oléron et site Conservatoire de Plaisance. – Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, RNN de Moëze-Oléron, LPO, décembre 2021 : 89 pp. – PDF LINK
- Deliry C. [2025] – Odonates du Monde. – Histoires Naturelles (2004-2025). – deliry.com
- Nicou M. 2014 – Mise en place d’un protocole de suivi des peuplements d’Odonates sur la RNN de Moëze-Oléron. – Rapport de Master1 : 21 pp.
- Olivier B. 2020 – Etude des populations d’Odonates (Odonata) présentes sur la réserve de Moëze-Oléron, à partir du Suivi Temporel des Libellules réalisé entre 2015 et 2018. – Document PDF. – PDF LINK
Liens Internet
- Pelobates cultripes, Hyla meridionalis, Triturus cristatus par exemple. ↩︎
- L’étude des populations de Thalassalestes macrostigma (= Lestes macrostigma) est prévu chaque année et accompagne une série d’espèce « terrestres » représentative des marais maritimes : Pelobates cultripes, Emys orbicularis, Natrix maura, Lutra lutra et Arvicola sapidus). En 2018 et en 2019, les effectifs sont très faibles, de l’ordre de la dizaine (Delaporte & al. 2020, 2021), voire moins encore, avant un retour significatif à quelques centaines en 2024 (Chaigne & al. 2024). ↩︎
- Lutte contre la « maritimisation » associée à la montée des eaux océaniques ! ↩︎