Hemianax ephippiger : arrivées en France en 2025 : pourquoi sont-ils bloqués dans le Midi ce printemps ?

Un migratrice sans retour, cette Libellule ne reste pas sur ses sites de reproduction

Ponte en tandem d’Hemianax ephippiger, Italie le 22 avril 2025
©© by -Paolo Zucce – iNaturalist

L’Anax porte-selle (Hemianax ephippiger ou Anax ephippiger, la première option me semblant la meilleure) a promis avec des venues nombreuses dans les péninsules ibérique et italienne, tôt en fin d’hiver et début de printemps une venue significative sur la France pour la saison 2025. Or, il n’en rien : l’affaire est bloquée dans le Midi de la France, pourquoi ?

Cette espèce est ce qu’on désigne sous la notion de « migrateur obligé », ce qui signifie qu’à l’émergence, les jeunes restent peu de temps sur les sites et entreprennent un migration probablement en tous sens (on pourrait parler de dispersion centrifuge), toutefois orientés par les aléas climatiques comme les coup de Sirocco qui les poussent depuis l’Afrique du Nord à l’Europe ou les Cyclones qui cette année 2025 les ont amené à l’île de La Réunion. Après avoir parcouru des distances souvent importantes, les Hemianax ephippiger, se fixent plus ou moins au hasard sur un habitat stagnant qui leur « paraît » favorable, qui peut aller de la simple flaque d’eau à la mare ou un étang et si des couples se rencontrent, ils se mettent à pondre. L’association des deux sexes sur un site pourrait même être une bonne raison du choix de l’arrêt de la dispersion ! La ponte se fait en tandem, ce qui permet de les repérer à distance, néanmoins, ce comportement s’il n’existe pas chez Anax imperator, est le même chez Anax parthenope qui est une espèce qui se reproduit en Europe de plus en plus tôt au printemps ces dernières années. Les pontes en tandem à des dates précoces sont plutôt celles d’Hemianax ephippiger, mais il est important de vérifier. Il semble que les sites décidés arrêtent la dispersion et ils ne vont alors pas plus loin… les plus actifs se dispersent parfois jusqu’en Islande, aux Féroé ou jusqu’en Scandinavie et y finissent leur vie sans progéniture. Des études récentes sont en faveur d’une migration retour dans le centre de l’Asie à la manière de celles qu’on a étudié en Amérique pour Anax junius : l’espèce monte en latitude à la belle saison et redescend lors des générations suivantes en fin de saison estivale. Ainsi les populations méridionales se reconstituent. Le système de migration aller-retour en plusieurs génération ➚ est connue chez le Papillon Monarque (Danaus plexipus) en Amérique, pour la Libellule Pantala flavescens de part et d’autre de l’Océan Indien et pour Anax junius en Amérique du Nord… mais pas démontrée pour Hemianax ephippiger côté européen… c’est en pure perte semble-t-il que cette Libellule passe en Europe et on verra probablement l’établissement de l’espèce de manière « plus » pérenne et sub-autochtone sur le continent avec le réchauffement climatique. Déjà quelques cas de développement hivernal sont proposés pour la Camargue en France, à moins qu’il ne s’agisse d’arrivées hivernales exceptionnelles avec un développement ultra-rapide avec des émergences en mars ou en avril ! A suivre…

Au hasard de l’évolution des conditions du milieu choisi, je le rappelle, presque aléatoirement, les larves réussissent ou non leur développement. En Afrique les conditions sont régulièrement favorables, en Europe, c’est au cas par cas et fonction de l’évolution météorologique de la saison à suivre. Les émergences sont donc régulières côté africain où les Hemianax sont « localement » régulièrement observés, irrégulières côté européen et vu leur dispersion centrifuge, on ne les revoit plus…

Une année 2025 qui s’annonçait prometteuse : blocage méridional suspecté !

La lecture attentive de la présentation précédente permet de comprendre ce qui s’est passé pour l’instant début 2025. Les venues ont été massives en Espagne, et les vents ont porté l’espèce en Corse ou dans le Midi de la France… ils se sont installés, se sont reproduits et malgré des vents d’Autan dans la foulée… peu d’individus sont montés plus au nord : un peu en Ardèche, d’autres sur l’axe Rhône-Saône (généralement début avril)… et jusqu’en Angleterre… certes, mais rien de très spectaculaire sauf peut-être en Dombes où la plaque d’étang a dû influencer l’installation des individus en dispersion comme un « piège », stop aux grands mouvements et les arrivées ont eu lieu ici plutôt début avril.

C’est suite aux émergences prévisibles dans le Midi qu’une seconde phase de dispersion est à prévoir, notamment dès le début de l’été, au gré des conditions météorologiques qui auront une influence sur la qualité des habitats et la quantité des développements larvaires réussis. Si l’Hemianax ephippiger pourrait se montrer plus tard dans l’année… au premier printemps les dispersions se sont stoppées sur le Midi de la France. Une affaire à suivre…

On l’attend en Rhône-Alpes… mais je pense que ce sera pour plus tard…

Vu sur Faune-France : en selle pour la migrationobservations ➚ (Nouvelle Faune-France : 25 mars 2025, Philippe Jourde)

Heminanax ephippiger : Odonates du Monde

Remerciements à Michel Yerokine pour les discussions concernant l’île de La Réunion et l’Hemianax ephippiger o’Salons de La Selysienne et à Philippe Jourde pour son communiqué du 25 mars 2025 sur Faune France?

C.Deliry – Niort, le 24 avril 2025